Et si Rashid Badouri se rendait enfin en Haïti?

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Et si Rashid Badouri se rendait enfin en Haïti?

“M pa ka ri, twòp kou nan do m” (je ne peux rire, trop de couteaux sont plantés à mon dos), entonne Beethova Obas. Pourtant, le peuple haitien qu’il chante si éloquemment compte nombreux taquin(e)s impénitent(e)s.

Pour le malheur de l’humoriste québécois Rashid Badouri, il n’était point en compagnie des grands blagueurs haitiens ce vendredi 8 septembre 2017. Lorsque deux comédiennes du pays participant à son spectacle lui ont conseillé de se payer la tête du Sénateur Antonio Cheramy (dit Don Kato), comparant son geste politique spectaculaire d’il y a quelques jours aux effets de l’Ouragan Irma, la « blague » qui fit craquer de rire son public Pétionvillois a décalé dans l’Haïti réelle.

Car, il ne faut point se méprendre ceux qui ont payé $60 U.S. pour aller voir Badouri à Pétion-Ville sont citoyens d’un faux pays, habitant un monde surréel (Ayiti pam nan diferan!). Tout de blanc vêtus, ces gens-là savent trinquer du champagne, briser leurs verres et valser au milieu de 10 millions d’âmes affamées.  Véritables affranchis modernes, ils régalent répliquer les fêtes mondaines de l’ancienne colonie Saint-Dominguoise où 30 mille blancs et 20 mille « mulâtres » se payaient jadis la gueule de 450 mille Africains réduits en esclavage. Leur ancêtre européen faisait venir sur l’île les acteurs réputés de l’époque. Certains poussaient l’audace et le cynisme jusqu’à inclure quelques esclaves Africains violonistes au « grand show » (voir le film 12 ans esclave).

En début septembre 2017, le Sénateur Antonio Cheramy (Don Kato) est l’un des rares parlementaires qui fut véritablement élu par des Haïtiens – car, le Sénat “haitien” regorge de faux élus, installés frauduleusement par les nouveaux colons impérialistes (dont certains Québécois du pays de Badouri!). L’Honorable Sénateur Don Kato a vertement dénoncé ces minables imposteurs en pleine séance, tout en déchirant en mille morceaux le « budget de la République » décrié, avec raison, comme étant un parchemin anti-Haitien (anti-nèg, anti pèp!).

Deux sciècles de cela, un certain Martelly, Blanc Français de son état, organisateur de soirées mondaines dans le Port-au-Prince du Président fantoche Jean-Pierre Boyer, assurait l’élimination physique d’un certain Félix Darfour, Nègre brave et intègre venu d’Afrique pour aider les Haïtiens à désamorcer la reconquête de l’île par les esclavagistes européens. Martelly voyait une grande menace en Darfour, un terrible ouragan qui menaçait le pouvoir usurpé par les blancs et les mulâtres, suite à l’assassinat crapuleux de Dessalines, le libérateur d’Haiti, le 17 octobre 1806. En 2017, les fils et filles authentiques d’Haïti, la masse des descendants d’esclaves révoltés lutte encore pour reconquérir Haïti et en faire un pays indépendant où, enfin, le nègre et la négresse sauront vivre en femme et homme libres.

Cher Rashid, tu dois savoir qu’aux États-Unis ne scande pas « nigger » n’importe qui, n’importe où. De même, l’humour haitien a ses règles que tout invité serait avisé de bien apprécier avant de monter en scène.

Je ne voudrais point injustement te prêter des intentions. J’ai pris connaissance de tes tweets d’après show, où tu te dis désolé d’avoir insulté un peuple que tu respectes. Toutefois, un regard rapide sur ton auditoire aurait pu te dévoiler que tu n’as jamais véritablement été en Haïti. Malheureusement, ce vendredi 8 septembre 2017 tu t’étais donné en spectacle dans une sorte de Rhodésie caribéenne, imaginée par certains nostalgiques du « temps béni des colonies ». Alors, je t’invite à visiter Haïti, la vraie, pour une première fois.

Photo credit: Tina Lorquet, page facebook du Sénateur Antonio Cheramy

Viens donc rencontrer ces jeunes universitaires qui t’expliqueront pourquoi le geste du Sénateur Don Kato fut révolutionnaire et essentiel. Nous passerons ensemble en revue les articles du budget qu’ils jugent si criminel. En effet, ce budget décrié prévoit des taxes exorbitants sur les appauvris du pays et de sa diaspora, tandis que les enrichis (dealers de drogue posant en investisseurs ou entrepreneurs) se la coulent douce, sans payer d’impôt. À titre d’exemple, la grande arnaque lancée par Bill et Hillary Clinton et autres contrebandiers réunis (voir Sweatshop de Caracol), n’amènera que 10,000 gourdes ($160 U.S.) par an, à l’État haitien, ce pour les 99 années à venir.

Je partagerai sous peu les images et sons que j’ai pu enregistrer lors de la marche spontanée organisée par ces braves femmes et hommes au lendemain de l’action honorable du Sénateur Don Kato. Ils te serviront d’introduction à l’Haïti réelle.

Sur ce, je prends congé de toi, te souhaites de ne plus retourner en Rhodésie et de choisir plutôt de découvrir Haïti, la vraie!

4 Comments

  1. Corine says:

    S’il faut que Rachid change son style d’humour pour vos ressentiments, vos “ce que je pense”. Il peut continuer à aller dans d autres pays comme il fait souvent et éviter ce Haïti si fragile.

  2. Andre Manigat says:

    “Pour acquérir la renommée, il n,est pas forcément nécessaire d,avoir fait de grandes choses, il suffit de les avoir tentees”. Don Kato est devenu célèbre du jour au lendemain pour avoir déchiré le budget. Et nos universitaires applaudissent. Ils espèrent devenir révolutionnaires plus tard en répétant le geste de Kato. Les cheveux et la barbe à la Bob Marley (jamaican style), pas trop original, aussi.
    C,est à vous fendre le coeur. Ils sont des milliers sur les réseaux sociaux à se lamenter sur le sort des déshérités, des laissés pour compte, à clouer au pilori les nantis, les parasites qui sucent le sang du peuple. Sont Haïtiens seulement les pauvres. Les autres , des colons. Une nouvelle donne. Chez nous, tout le monde doit être riche ou pauvre. Ou voleur. Ou chanteur, ou rappeur. Micky, Jackito, Delva, Don Kato etc…De la musique à la politique.
    La politique pour pleurnicher et s,enrichir . La belle blague. Des diplômes en sciences appliquées empruntent ces détours aussi. Si facile de calomnier. Tchuiiips.

    • je n’ai pas grand chose à vous répondre M. Manigat, car mon texte n’a rien à voir avec la calomnie mais des faits, des actions posées dans le présent comme au cours de l’histoire. Attendez mon reportage vidéo de la marche des étudiants qui supportent l’action du Sénateur Don Kato avant de vous facher d’avantage. Bon reveil!