Invité à la série de conférences-débats Hoodstock 2016, l’an dernier, je fus émerveillé par l’organisation sophistiquée des jeunes Montréalais de souche africaine. Militant pour un monde meilleur, ils ont tissé des liens de solidarité très solides avec les autres Canadiens. Ce, tout en célébrant et affirmant leurs cultures et histoires diversifiées qui sont enracinées dans les épopées africaines et caribéennes.
Inspiré par l’énergie de ces jeunes militants qui se donnent rendez-vous annuellement au Parc Freddy Villanueva, Montréal, j’ai écrit le texte “les racines haïtiennes de Black Lives Matter“.
Alors que je m’apprête à prendre part à Hoodstock 2017, les événements malheureux survenus le 24 juin écoulé (fête de la Saint Jean 2017, de Montréal) me hantent l’esprit. Comment les organisateurs et participants vont-ils puiser de leur réserve de connaissance et de sagesse pour s’assurer que l’Histoire des peuples serve à raffermir plutôt qu’à fragiliser les liens de solidarité que les militants Montréalais multi-ethniques se tissent depuis des ans?
J’ai confiance aux talents de Will Prosper, Ricardo Lamour (Emrical), Émilie Nicolas, Webster et cie… Toutefois, le défi est vraiment de taille. À chaque jour qui passe, nous avons droit à un rappel brutal de l’énorme faussé qui sépare l’état d’esprit des historiens de la couronne britannique, des héritiers de Jefferson et Napoléon (eux autres) du vécu de la descendance de leurs survivants (nous autres).
Ce soir, samedi 22 juillet, Radio-Canada annonce en grande pompe “LE MYTHE DE NAPOLÉON AU CANADA FRANÇAIS”, série télévisée qui propose de nous faire découvrir “comment les Canadiens français se sont approprié le personnage de Napoléon au point d’en faire un mythe”.
La télé nationale nous promet une analyse passionnante: “Comment la pensée des hommes politiques, de Louis-Hippolyte La Fontaine à George-Étienne Cartier, de Wilfrid Laurier à Pierre Elliot Trudeau, a-t-elle évolué en s’inspirant de Napoléon? Comment la mère de Napoléon devait-elle servir de modèle aux mères de famille? Comment l’Aiglon, le fils de Napoléon, a-t-il influencé notre théâtre?”
“Napoléon est une clé”, nous sermonnent les historiens et cinéastes. “Elle ouvre une multitude de portes et nous lie aux autres”.
Ah, les fameux “autres”, il ne faudrait surtout pas oublier ces derniers dans le décor!
Chez le voisin du sud, le multi-centenaire “mythe de Thomas Jefferson” souffre la découverte archéologique récente de la chambre de Sally Hemings, enfant esclave sexuel du père fondateur pédophile des Etats-Unis. Faudra bien que quelques uns d’entre nous “autres”, nous attelons à déterrer les pages enfouies de l’épopée génocidaire de Napoléon Bonaparte. Car, je doute fort que notre télé nationale,, via le film du Sénateur Serge Joyal, s’y attardera outre mesure.
Continuons notre œuvre pour qu’un jour le “nous” devienne réellement première personne pluriel et nous englobe tous. En attendant, assumons la responsabilité de faire entendre la voix des “autres nous”, nous Canadiens, nous Québécois, nous humains de la planète terre, filles et fils des survivants de Louis-Hippolyte Lafontaine, Léopold II, Elizabeth I – la première reine négrière, Jefferson, Napoléon… Bush I, II, Clinton I, Sarkozy, M…